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LA CERAMIQUE en France depuis les années 50



DEFINITION DU METIER DE CERAMISTE


Il est fréquent de constater qu’il y a une confusion de sens quand on parle de céramique, alors pour commencer , « céramique » vient du grec Keramos, dérivé de la racine Kram qui signifie brûler, encore présent dans « cramer » et « crémation ». Ainsi la céramique est l’art de la « terre cuite ». C’est l’art de fabriquer des pièces en terre et de les faire cuire au feu. Suivant la terre employée et l’ardeur du feu, l’objet cuit porte différents noms : faïence, grès, porcelaine, poterie vernissée. L’univers de la céramique met en jeu les quatre éléments : la terre ; matière première, l’eau pour la rendre plastique, l’air pour la sécher et le feu pour sa métamorphose.


Les poteries les plus anciennes sont faites en terre simplement séchée au soleil. La maîtrise du feu permit la fabrication de pièces plus résistantes, montée à la motte ou au colombin. Le tour de potier existe environ depuis 4000 ans. Après avoir vu le jour en Egypte, il s’est répandu dans tout le Moyen-Orient. A l’origine, le tour était constitué d’un disque posé sur un support, l’ensemble étant en bois et manœuvré à la main. Il permet par son principe de rotation mécanique de créer rapidement des formes circulaires.


La terre, matière première du potier :

L’argile est une roche de type granitique qui s’est décomposée en minuscules particules depuis des millions d’années. La plasticité ou la facilité de l’argile à être travaillée est très importante pour le potier. C’est la finesse des particules d’argile qui détermine sa plasticité.

On appelle argile résiduelle, celle qui se situe près de la roche mère. Les particules qui ont été charriées loin de la roche mère par l’érosion est appelée roche sédimentaire. Celle-ci est plus fine et donc plus plastique que celle du type résiduel. Parmi les argiles sédimentaires on trouve :


La faïence est une forme de céramique à base d’argile, recouverte d’une glaçure ou émail à base d’étain qui lui donne son aspect bien particulier blanc ou brillant. La faïence est l’une des plus commune et des plus anciennes de toutes les techniques utilisées en céramique.


La porcelaine n’est pas issue d’une argile naturelle. Elle est principalement composée d’un mélange de quartz, de feldspath et de kaolins. Le feldspath permet d’abaisser le point de vitrification de la porcelaine lors de la cuisson.


Le grès est un matériau de poterie caractérisé par une très grande dureté, fait de plusieurs argiles naturelles où sont incorporées de l’alumine et de la silice.. Il est désigné en anglais par le terme Stoneware, littéralement « ustensile de pierre ». Les terres à grès sont des argiles plastiques dont la vitrification s’effectue environ de 1200° à 1300°C.


On retrouve le grès, employé depuis l’antiquité, pour la production de canalisations, notamment pour l’assainissement. Pour cette utilisation, il est considéré comme un matériau plus durable que les matières plastiques ou la fonte. Dans le bâtiment, le grès étiré ou pressé est utilisé pour réaliser des carrelages de sol résistants.


L’intérêt croissant porté à l’artisanat d’art, non seulement à la poterie mais à tous les arts manuels provient de notre besoin d’un élément personnel, d’une note humaine, en ce temps de production massive et de standardisation. L’argile employée par le potier, peut avec un outillage limité, être transformée en objet distingué et esthétique qui prend souvent place auprès des œuvres d’art. C’est la raison pour laquelle, je vais illustrer ci-dessous mes propos en donnant des références de céramistes des années 50 à ce jour en France.




LA CERAMIQUE EN France DES ANNEES 1950 A NOS JOURS




Picasso influença la céramique par son entrée à Vallauris au cours des années 50 et 60, par des déformations de la poterie usuelle à une liberté plus nerveuse du décor graphique. Ces années-là correspondent à une explosion des couleurs et à la prédominance des formes libres, c’est à dire en mouvement. Il y a une volonté de faire entrer le domaine de la poterie traditionnelle dans l’expression libre de l’art. C’est à ce moment que la céramique se trouve en phase avec les formes du design mobilier et les nouvelles manières d’habiter l’espace.



Bernard LEACH, sino-anglais, mondialement connu pour son ouvrage « A Potter’s Book » marquera à jamais le monde de la poterie. Il établit la notion d’artiste potier dans une profession concurrencée par l’industrie manquant de statut et d’aura artistique. Dans les années 50, il influencera Robert Deblander, Francine Del Pierre, Shoji Hamada.





Jeanne et Norbert Pierlot sont les premiers en 1960 à proposer un enseignement original au château de Ratilly, à Treigny dans l’Yonne, haut lieu de tradition céramique. Un espace de création, d’exposition et de rencontres où s’élabore une réflexion sur les formes et fonctions traditionnelles de la poterie utilitaire et sur la vocation artistique du céramiste. Seront les premiers à exposer Francine Del Pierre, Bernard Leach et Shoji hamada.



Raymond et Jeanine Sauvaire seront les premiers à fonder à Paris une galerie d’exposition vente d’un artisanat contemporain. Y seront présentés des artistes de l’émail de 1965 à 2003, Daniel de Montmollin, Claude Champy, Jean Girel, Philippe Dubuc, Jean Jacquinot, Marc Uzan.



En 1968, l’exposition internationale de céramique de Vallauris se transforme en Biennale, devenant une vitrine de la création internationale. Des grands noms français y seront récompensés Yves Mohy en 66, Nicole Giroud et Roger Capron en 70, Elisabeth Joulia en 72.




Autre figure prestigieuse de la céramique de l’après guerre, le frère Daniel de Montmollin, grand potier, découvrira dans les grès émaillés de Chine et du Japon quelques règles : simplicité dans les moyens et méthodes de travail, spontanéité des décors et des formes, collaboration avec la nature. C’est dans l’écriture qu’il transmettra ses recherches : Le poème céramique (1964), L’Art des cendres (1976), Eloge de l’empreinte (1996).


Ensuite dans les années 1970-1980, l’engouement pour l’émail et ses vibrations illustre une orientation plus vivante de la céramique en France.



En 1976, Daniel et Michèle Sarver, galeristes, vont œuvrer à la reconnaissance de la céramique contemporaine française puis européenne. Ils contribueront à la constitution des collections privées et institutionnelles françaises.



Pierre Bayle, céramiste français le plus connu à l’international marquera par son esthétique et sa réinterprétation de la terre sigillée. Il sera récompensé par le prix Bettencourt « pour l’intelligence de la main » en 2004 avant son décès.



Commence ensuite le débat entre la notion d’artiste et artisan.

François Mathey montre combien la frontière est incertaine en mettant en valeur les vases-scuptures d’Elisabeth Joulia, de Jacqueline et Jean Lerat, de Robert Deblander dans le musée des Arts décoratifs.



Jacqueline et Jean Lerat enseigneront la céramique aux Beaux-Art de Bourges de 1955 à 1986. Ils influenceront la création française, et leurs élèves Agnès Decoux, Serge Bottagisio, Rémi Bonhert, Bernard Dejongue, Pierre Baey, puis Alain Girel, Steen Kepp.




En 1980, Hervé Rousseau, Eric Astoul, Seung Ho Yang assurent la pérennité du grès et de la cuisson au bois à La Borne. Le grès est devenu un matériau privilégié et la céramique en général revendiquée comme moyen d’expression artistique aussi riche et complexe que la peinture, la sculpture ou l’écriture.



L’influence de l’école américaine viendra en France par l’intermédiaire de Jean Biagini en 1974 et ses élèves Daphné Corregan, Gilles Suffren, Aline Favre et Marc Emeric. En 1982, il invite Paul Soldner, premier élève de Peter Voulkos, qui divulgue en France les techniques dérivées du raku japonais.



La Biennale de céramique de Châteauroux existe depuis 1981, grâce à Jean Pierre Viot, en confrontant les créations des céramistes français et européens (Suisse, Finlande, Belgique, Pays-Bas…) et d’Asie (Taiwan, Japon).



La Manufacture nationale de Sèvres, institution française, participera très largement à l’ouverture internationale. Tous les styles artistiques de la décennie vont trouver une transposition dans les décors de Sèvres grâce à Calder, Prassinos, Zao Wou-Ki, Gilioli, Hajdu. La Manufacture de Sèvres prête aux artistes extérieurs son savoir, ses hommes, son expérience et son prestige. Des céramistes américains de haut niveau marqueront cette époque : Viola Frey, Betty Woodman, Adrien Saxe, Kimpei Nakamura. Aujourd’hui, dans la nouvelle génération en France, certains sont des céramistes de culture américaine installés en France depuis 1980 ; Wayne Fischer, Kristin McKirdy, Patrick Loughran.



Plusieurs lieux institutionnels cherchent aujourd’hui à jeter des ponts qui manquent encore entre la céramique, les arts plastiques et le design.

En 1993, à Limoges, un lieu le CRAFT (Centre de recherche sur les arts du feu et de la terre) permet de développer les liens entre artistes et designers avec le matériau céramique plutôt orientée vers le design avec Javier Mariscal, Ross Lovegrove, Jorge Peusi, Ettore Sottsass et Guy Paulin, Sylvain Dubuisson, Mathilde Brétillot…

En 2004, Nathalie du Pasquier expose ses pièces « Natures mortes », fabriquées au CRAFT, au musée des Arts décoratifs.


De 1998 à 2002, l’opération « Designers à Vallauris » vise à utiliser le savoir-faire des artisans potiers de Vallauris pour réaliser des pièces dessinées par des designers français, dans un but d’édition.

Certains ateliers de céramiste collaborent avec des artistes :

Hans Spinner, installé à Opio, a travaillé avec des peintres comme Antonio Tapies, Pierre Alechinsky.

Jean Marie Foubert dans l’Yonne, travaille avec le groupe de peintre-sculpteur Cobra (Corneille, Bram, Bogardt)

Armelle Benoit et hugo Jakubec près d’Angers travaillent avec des designers Garouste et Bonetti, Ettore Sottsass.


La nouvelle génération de céramiste doit faire preuve de créativité et de passion pour aborder les aspects pratiques indispensables et préalables à toute liberté créative. Etre céramiste aujourd’hui ne correspond plus à l’image d’un style de vie bohème ou à la recherche d’un hédonisme en rapport avec la nature. La terre ne se choisit plus que rarement comme l’unique médium d’un parcours artistique. La nouvelle génération contribue à affranchir ce domaine d’une image restée trop longtemps désuète, mais qui semble s’être débarrassée du label trop restrictif de l’artisanat, susceptible d’intéresser à la fois les acteurs et le public de l’art contemporain.


Autres références :

Luc et Marjolaine Lanel

Joan Miro

Suzanne Ramié

Axel Salto

Gilbert Portanier

Norbert Pierlot

Elisabeth Fritsch

Adrian Saxe

Mutsua Yanagihara

Ursula Morley-Price

Barbara Nanning

Wouter Dam

Martin Bodilsen Kaldahl

Nicholas Rena

Hanneke Giezen

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